Par Pauline Pierri le 01/10/2012.

A l’heure d’Internet, ils sont une quarantaine à se rassembler au sein du radio-club Cyrano F6KHS. Leur pratique méconnue couvre la planète.

A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, la pratique des radioamateurs semble relever de la préhistoire des communications. Pourtant, le radio-club Cyrano F6KHS de Bergerac , présidé par Jean-Michel Couture, compte une quarantaine de membres, dont une dizaine très actifs. Ils s’adonnent à la télécommunication, découverte majeure du début du XXe siècle qui a rendu célèbre les noms de Thomas Edison, Édouard Branly ou encore Guglielmo Marconi.

Leurs travaux sur les ondes leur ont permis de découvrir qu’elles pouvaient transporter du son. À l’époque, la nécessité d’antennes fixées très haut, et d’une longueur minimum de 100 mètres, a permis de sauver un monument parisien voué à une existence éphémère : la tour Eiffel.

Une licence spécifique

« Il s’agit d’un loisir, mais notre capacité à communiquer avec le monde entier fait du radioamateurisme une pratique très réglementée », explique Jean-François Bages, vice-président du club bergeracois.

L’utilisation du spectre hertzien est régie par l’Union internationale des télécommunications (IUT) qui en définit la répartition et les modalités d’utilisation. Depuis 2003, la connaissance du code Morse n’est plus obligatoire, mais il reste très pratiqué, car son langage est international.

Jean-François Bages s’est converti aux communications internationales par le biais de la Cibi, bien moins riche de possibilités. Tout comme Philippe, le plus jeune membre du club qui y a récemment adhéré. « Je suis en train de préparer l’examen qui me permettra de décrocher la licence, obligatoire. Je n’imaginais pas que c’était d’un niveau aussi élevé. Et pourtant, je travaille dans l’informatique ! ».

Activité très surveillée

Parmi les radioamateurs se dégagent deux profils : ceux qui se passionnent pour la technique et ceux qui multiplient les contacts à travers le monde. Ainsi, Jean-Marie s’est spécialisé dans les liens avec les îles du monde entier. « Quand je vois son palmarès, je suis bleu de jalousie », confie Jean-Marc. Car bien des liaisons constituent des prouesses techniques.

Si l’intérêt pour le matériel et la géographie dominent parmi les adeptes, c’est que leur marge de discussion est extrêmement limitée. Pas question d’évoquer la politique ou la religion. « Notre activité est très surveillée », souligne Jean-François Bages.

« Les communications par le biais de la bande hertzienne, c’est ce qui marche encore quand tout le reste tombe en panne », résume-t-il. Pour preuve, il avait été sollicité en renfort par son employeur, Polyrey, la nuit du passage en l’an 2000 où le « bug informatique » était redouté de tous.

Chaîne internationale

Au sein du milieu, les hommes sont des « old man » et les femmes des « young Lady ». Les initiales OM et YL sont utilisées à leur propos dans les conversations. Chaque membre dispose d’un indicatif qui lui est propre, et l’identifie auprès de n’importe quel autre pratiquant. En France, il comprend obligatoirement la lettre F, précédée d’un chiffre et de deux à trois lettres.

En 1965, Christian Jacque avait consacré un film au secours porté à un navire par une chaîne internationale de radioamateurs. « Si tous les gars du monde » était une fiction très proche de la réalité, car les premiers SOS du « Titanic » ont été reçus par cette voie, alors toute récente.

Mais les tenants du matériel Marconi n’ont pas pu ou pas voulu alerter ceux qui utilisaient du matériel concurrent… La concurrence Apple et Windows a des racines dans l’histoire. Mais rien n’empêchera jamais les hommes de communiquer.